Créer des emplois grâce à un projet d’assainissement de canaux d’irrigation à Madagascar

A Madagascar, l’OIT met en œuvre depuis une trentaine d’années l’approche à Haute Intensité de Main d’Œuvre (HIMO) pour la réalisation de divers projets d’infrastructures tels que des routes, des aménagements hydro-agricoles et des bâtiments. Cette approche novatrice offre une formation précieuse dans le domaine de la construction, tout en créant des opportunités d’emplois pour la population locale. Tout en respectant rigoureusement les normes de qualité et de sécurité en vigueur, le projet HIMO est conçu pour répondre aux besoins spécifiques des communautés, et il se distingue par sa capacité à combiner la lutte contre la pauvreté, le chômage, le sous-emploi et l'emploi informel par la mise en place d’infrastructures de base.

Le projet d’assainissement de deux canaux d’irrigation, respectivement à Ambatomirojorojo et à Befaka, dans le district de Fandriana, région Amoron’i Mania, entrant dans le cadre du projet HIMO, permet de créer un emploi pour 225 personnes issues de familles rurales, généralement vulnérables, avec une forte proportion de femmes (au nombre de 123, soit 55%), et dont 106 personnes sont des jeunes, soit 47%. 

Lors des cérémonies de lancement officiel des activités dans ces deux localités, plusieurs témoignages des bénéficiaires ont été recueillis.

Projet d’assainissement d’un canal d’irrigation à Ambatomirojorojo

Dans la commune urbaine de Fandriana, 450 ménages répartis dans 8 fokontany exploitent une superficie de 420 hectares de rizières, arrosées par le barrage d’Ambatomirojorojo. Cependant, depuis plusieurs années, la population locale fait face à des problèmes de pénurie d’eau en raison de l’obstruction du canal d’irrigation.

Anthony Randrianaivojaona, Chef de Gestion des Fokontany (CGF) de Fandriana, explique : « La gestion de l’eau est très difficile dans cette plaine d’Ambatomirojorojo. Le canal d’irrigation a besoin d’une réparation. En effet, actuellement, à cause de l’insuffisance d’eau dans les rizières, les producteurs rencontrent des difficultés. » Cette situation critique nécessite une intervention urgente pour réparer le canal et assurer une distribution adéquate de l’eau, essentielle pour la survie des cultures et le bien-être des habitants.

Face à cette situation, le ministère de l’agriculture et de l’élevage apporte une solution à travers le programme de développement des filières inclusives (DEFIS) financé par le FIDA, ainsi, l’assainissement de 7 kilomètres de canal d’irrigation suivant l’approche HIMO structurée est programmé. 75 personnes, dont 52 femmes (69%), et 33 jeunes (44%) issues de familles rurales, généralement vulnérables, réalisent les travaux d’une durée d’un mois, à partir du 16 septembre 2024, et l’Organisation internationale du Travail (OIT), par le biais de son projet HIMO (présenté ci-dessus), assurera la coordination technique.

© Naina RJSET / ILO

Une sélection a été effectuée préalablement au niveau des bénéficiaires pour retenir ceux qui réaliseront les travaux. Une autre sélection était réservée aux chefs d’équipes, et ces derniers sont actuellement formés afin de maîtriser les interventions suivant l’approche HIMO.

Selon Onison RAHARIVONY, Chef d’équipe, “concernant mon point de vue général sur la formation, c’est très clair. Un peu accélérée certes, mais permettant d’apprendre beaucoup de choses, et fournissant des expériences aux participants. Et le plus important pour nous est le fait qu’on nous attribue un certificat après la formation”.

La production rizicole dans cette localité tourne autour de 2 à 3,8 tonnes par hectare, et l’on espère une augmentation après l’assainissement du canal d’irrigation.

Selon Belarinesa RAZAFINDRAVELO, Président du réseau des usagers de l’eau dans la localité de Maromanana, “l’utilisation de l’eau ne présentera pratiquement plus de problème après l’achèvement de l’assainissement, même la gestion de l’eau sera facilitée car selon les agents du bureau d’études, toutes les buses seront réhabilitées, et seront réparties suivant le besoin de chaque rizière. Donc, nous présentons nos vifs remerciements à tous les responsables, à savoir l’OIT et tous ses partenaires. En effet, ce projet allège nos difficultés, et contribue au développement du réseau des usagers de l’eau”.

Les fokontany d’Andranoraikitra et d’Andranomena, avec une superficie rizicole autour de 50 hectares, sont parmi ceux qui ont des difficultés pour l’approvisionnement en eau. On espère qu’ils seront bien approvisionnés après l’achèvement de cet assainissement du canal d’irrigation dans cette plaine d’Ambatomirojorojo dans le district de Fandriana où la plupart des producteurs de riz pratiquent le repiquage des jeunes plants au mois d’octobre.

 Projet d’assainissement d’un canal d’irrigation à Befaka

C’est au mois de mai de l’année dernière (2023) qu’il y avait un écoulement d’eau pour la dernière fois dans ce canal irriguant des rizières dans les 6 fokontany de la commune de Sahamadio, district de Fandriana. Il ne reste que 150 hectares de superficie cultivée par les paysans à cause de ce problème d’eau.

Selon Seth François RANDRIANIRINA, président du réseau des usagers de l’eau à Befaka, dans le district de Fandriana, “auparavant, au moment où l’eau coulait normalement, à partir des mois de juillet et août, les 500 hectares ont tous connu le repiquage des jeunes plants. En ce moment, il ne reste que le tiers ou le quart de la superficie qui est cultivée car l’eau ne coule pas. Donc, ce que nous faisons actuellement, nous commençons la culture à partir du mois de janvier, et nous avons à peine 200 hectares ou 150 hectares car au moment de la culture en janvier, où il y a de la pluie, nous faisons entrer de l’eau et nous aménageons la rizière en même temps, ce pour pouvoir jouir de la culture. Si l’eau coule normalement, même la culture rizicole dans l’ensemble du district de Fandriana sera maîtrisée par le fait qu’il y aura une production dès le mois de décembre, mais ce n’est pas le cas actuellement.”

Ce problème de manque d’eau sera résolu, ce qui permettra aux paysans de s’occuper de leurs rizières dans les deux communes bénéficiaires de l’irrigation à travers le barrage de Befaka. En effet, le canal d’irrigation de 14 kilomètres sera assaini et aménagé par la mise en œuvre d’un programme à haute intensité de main d’œuvre (HIMO). 150 personnes issues de familles rurales, généralement vulnérables, dont 71 femmes (47%), et 73 jeunes (49%) réalisent les travaux pendant 1 mois. C’est un projet du ministère de l’agriculture et de l’élevage à travers le programme de développement des filières inclusives (DEFIS), financé par le FIDA, tandis que l’Organisation internationale du Travail (OIT) assure la coordination technique. Le Centre de Formation HIMO (CF HIMO) assure l’exécution des travaux, tandis que le bureau d’études SOA BEST assure le suivi – contrôle des travaux.  

© Naina RJSET / ILO

Selon le député élu dans la localité, Zavamanitra ANDRIAMIHARIVOLAMENA, ce projet est très important pour les paysans utilisant le barrage de Befaka, c’est un appui pour eux dans le domaine de l’agriculture, « Les travaux de ce type réussiront sur la base d’une collaboration avec la population locale. Son développement ne peut pas être réalisé par une seule personne, il faut qu’il y ait des échanges et une entraide au niveau de la population locale qui est le premier responsable de ce projet. Donc, en ma qualité de député, j’incite les bénéficiaires locaux à bien assurer le suivi des travaux. Nous tenons à remercier particulièrement l’OIT et le programme DEFIS du ministère de l’agriculture et de l’élevage, ainsi que tous leurs partenaires pour la réalisation de l’actuel projet qui est très important pour nous, et nous souhaitons sa continuité. »

En dehors des 150 personnes qui réaliseront les travaux, il y a également une sélection pour les chefs d’équipes qui sont formés sur la maîtrise de l’approche HIMO structurée, et on leur a attribué des certificats à l’achèvement de la formation. 

Il est mentionné durant le lancement officiel des activités que l’on procèdera également à la réhabilitation de 40 kilomètres de route reliant la commune Milamaina Sandrandahy – Ambinanitelo – Imito, passant par la commune Fiadanana, et les travaux commenceront par la réhabilitation de 13 digues, l’appel d’offres correspondant est en cours.